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Mort de Rémi Fraisse : anatomie d’une bavure en Hollandie

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arié alimi_optArié Alimi, l’avocat des parents de feu l’opposant au barrage de Sivens Rémi Fraisse, décédé dimanche 26 octobre dernier, est révolté par les attaques visant la victime et les manœuvres des gouvernants pour cacher dans un premier temps les circonstances de sa mort, ô combien gênantes pour le pouvoir. Extrait du texte qu’il publie sur son blog hébergé chez Mediapart : « depuis une semaine, depuis le moment où il s’est effondré, touché par une grenade lancée par un membre de la gendarmerie mobile, il ne se passe pas un moment sans que l’on fasse offense à sa personne et à sa mémoire. Casseur, djihadiste vert, écoloterroriste… Le discours du gouvernement ou de certains syndicats agricoles s’est établi et n’a cessé de monter en puissance. D’abord pour tenter de nier l’existence même des origines de sa mort. Rappelons-nous que dans les premiers moments, on ne parlait que d’un corps découvert dans la forêt. On apprendra plus tard que le parquet, la direction de la gendarmerie et le gouvernement savaient déjà ce qu’il s’était passé puisque les gendarmes avaient quelques instants après sa mort ramassé le corps de Rémi. 

Alors pourquoi  pendant deux jours, ce silence assourdissant, pourquoi cette absence de réaction du parquet, du gouvernement, pourquoi le refus de dire cette vérité que l’on connaît depuis le début ? Pourquoi le parquet a-t-il tenté de semer une confusion indécente sur les circonstances de sa mort en ne donnant que des bribes d’informations, en ne parlant lors de la première conférence de presse que d’une explosion, laissant croire à la possibilité d’un décès dû à un cocktail molotov, pourquoi avoir lancé de fausses pistes, comme celles du sac à dos disparu, volontairement récupéré par les manifestants, et qui aurait pu contenir des substances explosives ? Simplement pour discréditer un jeune homme pacifiste, militant de la fédération Nature Environnement, botaniste, qui n’a jamais fait usage de violence ou eu maille à partir avec les forces de l’ordre. Salir l’image d’un jeune homme mort qui militait pour l’environnement et pour les générations avenir Y a-t-il attitude plus basse et plus veule ? »

sivens face à face_optSoulignons au passage que, comme le résume RTL, « les gendarmes ont changé 3 fois leur version des faits », ce qui fait donc forcément deux versions mensongères, et redonnons la parole à Maître Alimi: « Pourquoi ne pas assumer ses responsabilités et dire : nous l’avons tué. Notre politique l’a tué. Nous n’avons pas voulu choisir la voie du dialogue, nous avons voulu montrer que nous sommes forts aux yeux des Français, et cela passe par des démonstrations de violences contre ces militants majoritairement pacifistes. Nous les avons harcelés, frappés, nous avons brulé leurs effets personnels, les avons délogés sans autorisations judiciaires, puis nous avons fait usage de flash balls, de grenades fumigènes et de désencerclement. Et comme ils ne partaient toujours pas, nous avons fait lancer des grenades contenant des explosifs, en les jetant sans sommations, sans respecter les règles élémentaires d’usage de ces grenades, en l’air directement sur les manifestants, ou même dans des lieux clos, comme dans une caravane occupée. »

Résultat prévisible de cette escalade de la violence depuis fin août, notamment dénoncée par le webzine Reporterre, la bavure de la mort de Rémi Fraisse. Parce qu’il s’agit évidemment d’une bavure, ou ce mot ne signifie plus rien, n’en déplaise au ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui réfute cette qualification, niant l’évidence. Ouvrons le site Larousse pour y trouver la définition de « Bavure«  : « Erreur regrettable, faute lourde, commise notamment à l’occasion d’une opération policière ou militaire, ou conséquence fâcheuse d’une action. » Rappelons à Tartuffe Cazeneuve qu’il s’est mv doigt_opttrouvé un gendarme pour balancer une grenade sur le jeune homme : et ce ne serait pas une bavure ? Pire encore que ce déni, la déclaration suivante du Premier ministre, Manuel Valls : « Avant même qu’une enquête n’ait été conclue, je n’accepterai pas la mise en cause de l’action des policiers et des gendarmes, qui ont compté de nombreux blessés dans leurs rangs« . Blanchis quoi qu’il arrive, en somme. Une phrase qui fait une entrée remarquée autant que méritée au sein de notre rubrique Ferme ta gueule ! Cette posture n’est rien d’autre qu’un grand classique de la droite autoritaire, qu’incarne si bien Valls, en pyromane digne de Sarkozy (son jumeau !). Mais désolé de le lui rétorquer, qu’il accepte ou pas « la mise en cause de hk_optl’action des policiers et des gendarmes », c’est pareil ! Il y en a d’ailleurs un qui ne se gêne pas pour le faire – il aurait bien tort -, c’est Hervé Kempf, essayiste et journaliste ancien du Monde et fondateur de Reporterre : « la mort de ce jeune homme résulte de l’obstination criminelle de hauts responsables qui ont, contre l’évidence et en piétinant l’esprit de la loi, conduit à une situation où la seule issue était la violence, une violence savamment entretenue par une police à qui l’on a lâché la bride« , accuse-t-il dans un éditorial très argumenté. Son résumé est parfait.


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